Retour sur l'exposition de Parvine Cure par la collégiale Saint-Martin

Accueil > Portrait de l'artiste > L'atelier de l'artiste

L'ATELIER DE L'ARTISTE

Si l’on veut mieux connaître un artiste, il est un endroit auquel nous ne pensons pas tout de suite, qu’il faut nécessairement côtoyer : son atelier. Lieu souvent à la fois personnel, intime et ouvert, c’est un véritable livre sur l’histoire et la technique de l’artiste, mais aussi le premier écrin des œuvres, qui parfois n’en sortent jamais.

Celui de Parvine Curie n’échappe pas à la règle. Jouxtant son habitation et son jardin, qui est en quelque sorte son prolongement naturel, il est le lieu où naissent et prennent forme toutes les œuvres.

Vue-de-l'atelier-de-Meudon

Cette photo de l’atelier prise quelques temps avant l’exposition à la collégiale Saint-Martin montre des œuvres terminées et d’autres en cours de création… Ainsi, sur la sellette à droite, se distingue un plâtre en cours de travail, qui donnera La grotte aux doigts.

Portrait de Parvine Curie - (c) Ecliptique - L. Thion
Portrait de Parvine Curie, photographiée avec La grotte aux doigts.

Cette sculpture a commencé, comme toutes les autres, à voir le jour grâce au travail de la terre, dans laquelle Parvine Curie trouve ses idées, ses directions. Heureux accident, le modelage tombe et les doigts s’écartent, les mains s’éclatent, la sculpture s’ouvre... Après, l’esquisse en terre est moulée et le plâtre visible ici en est tiré, pour être retravaillé minutieusement. Le final sera en bronze, mais peut importe le matériau, c’est ici comme toujours la forme qui compte.

Grande Porte Burkha, en bois exotique, et Pjeta I, en bronze, terminées depuis plusieurs années, attendaient patiemment de ressortir de l’atelier afin d’être exposées de nouveau au public. Parvine Curie aime garder certaines œuvres près d’elle, dans son atelier ou dans le jardin, en souvenir ou en attendant de les vendre.

Caché - (c) collégiale
Caché, en cours d’élaboration.

En 2012, Parvine Curie travaillait à d’autres œuvres, comme Caché, dont on voit ici le modèle en plâtre. Juste derrière elle, une autre version, différente et approchante, de La grotte aux doigts.

QUESTION A PARVINE CURIE

Parvine Curie, quels matériaux vous parlent le plus ?

« Je pars toujours de la terre ou du plâtre, maniés à la main. Chaque fois qu’il le faut, je renforce, bien sûr, mon plâtre avec une armature métallique, surtout lorsque c’est une pièce en déséquilibre. Je confie généralement à des praticiens la réalisation en bronze, en bois ou en pierre. Mais jusqu’au bout, je dirige le travail et modifie des détails jusqu’à ce que la forme me convienne pleinement. Pour les bronzes, il reste à choisir la patine finale. J’aime les bois sans veines (iroko ou teck), mais j’ai aussi travaillé le tilleul. Pour les pierres, je recherche aussi la pureté : le marbre noir de Belgique, non poli, et le marbre blanc uni, marbre du Pentélique. La forme doit primer sur les fantaisies géologiques de la pierre ».

Petit Personnage Burkha - (c) J Laigre
Petit Personnage Burkha, 2005.

Quant aux titres des œuvres, ils ne sont pas choisis au hasard. Parfois ils interrogent, souvent ils donnent indications ou directions pour les visiteurs, dans tous les cas ils renvoient à des souvenirs, à des lieux, à des sujets qui sont chers à Parvine Curie :

« Mes premières œuvres sont toutes des « Mères », peut-être parce que j’ai voulu développer sous diverses formes l’idée de tendresse, de protection, d’appui, de refuge, de chaleur protectrice du groupe familial… Ta-Prohm, à cause de ses temples en ruines recouverts de végétation tropicale [au Cambodge]. Dans le même esprit, j’ai pris à la langue tibétaine mes « Thangkas » : mes voilages superposés leur empruntent un côté bannières rituelles. Mes « Pjetas » ne sont pas tout à fait des piétas. Torcello rappelle les campaniles vénitiens. Les « Banyans » font voyager dans les forêts tropicales extrême-orientales. Les « Matmatas » se réfèrent à l’architecture troglodytique tunisienne. Les « Burkas » renvoient au voile intégral de l’Islam. « Frank Gehry » est l’architecte fameux du nouveau Musée d’art moderne et contemporain de Bilbao… Je m’arrête là ! Mes références, comme on peut le voir, visent à faire voyager à travers des univers d’origines diverses, naturels ou culturels. Mais ce ne sont que des indications, sans valeurs contraignantes ».