Châteaux et manoirs fortifiés

Châteaux et manoirs fortifiés

Région frontalière avec la Bretagne à l’ouest et le Maine au nord, le Haut-Anjou segréen a été, pendant plusieurs siècles, le théâtre des turbulences militaires et des luttes de pouvoir qui caractérisent les zones de marches. Le nombre important de sites fortifiés conservés dans cette région, du XIe siècle au début du XVIe siècle, témoigne de l’importance stratégique de cette zone tampon et permet d’appréhender l’évolution de l’architecture militaire.

Enceintes et châteaux à mottes

Expression du pouvoir érigé au-dessus du plat pays, l’apparition du château à motte, au début du XIe siècle, accompagne l’implantation territoriale des seigneuries châtelaines.
Le château qui consiste alors en une tour de bois, plus rarement de pierre, est élevé sur une butte tronconique artificielle entourée de fossés secs ou en eau.
Si sa fonction est avant tout d’ordre militaire (quadrillage géo-stratégique d’un territoire, contrôle des voies de communication et des gués), le château à motte, qui possède parfois une basse-cour, a également une vocation résidentielle s’accompagnant souvent d’activités économiques (agriculture, meunerie, extraction de fer…).

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Les Vents (Le Lion-d’Angers), vue des vestiges de la motte primitive jouxtant le manoir de la fin du Moyen Âge.

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Les Vents, extrait du plan cadastral de 1809 (A.D. Maine-et-Loire).

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Les fortifications postérieures au second tiers du XIIe siècle

À partir du second tiers du XIIe siècle, l’enceinte de pierre se substitue peu à peu à la palissade sur merlon de terre.
D’abord château à motte, le château de Pouancé se dote ainsi dans le courant du XIIIe siècle, de courtines maçonnées surmontées d’un chemin de ronde et de tours de flanquements percées d’archères.
Les structures de bois restent néanmoins omniprésentes dans la fortification jusqu’au XVe siècle, sous la forme de barrières, hourds1, guérites...

À l’instar des tours, la porte d’entrée du château, au caractère éminemment symbolique, fait l’objet d’un soin particulier.

Son passage peut être défendu par différentes combinaisons associant vantaux, herses, assommoirs ou bretèches2. À la fin du XIVe siècle, la généralisation du pont-levis à flèches conduit à différencier le passage charretier du passage piétonnier.

1 Hourd : coursière en bois formant surplomb en couronnement d’une courtine ou d’une tour, destinée à battre le pied de la muraille par un tir vertical.
2 Bretèche : logette rectangulaire en surplomb, souvent au-dessus d’une porte, dont le sol est percé de trous pour le tir vertical.

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Ouvrage d’entrée du château de la Bigeotière (Bourg-d’Iré) édifié à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle (détruit au début du XXe siècle).

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Vue d’ensemble du manoir des Vaux (Miré) construit pour Jean Bourré dans la deuxième moitié du XVe siècle.

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L'adaptation à l'artillerie à poudre

Dans les premières décennies du XVe siècle, les fortifications sont adaptées aux nouveaux progrès de l’artillerie à poudre.
Le diamètre des tours s’élargit et elles sont percées d’embrasures de tir aptes à recevoir des armes à feu.
La défense se concentre essentiellement à leur sommet et au niveau des fossés.
Une réglementation stricte régit toutefois le droit de fortifier.
Seule l’élite nobiliaire bénéficie du libre « droit de châtel ». Pour fortifier leur résidence, les seigneurs de moindre rang doivent en obtenir l’autorisation.
De fait, au-delà de leurs fonctions militaires, les éléments défensifs (douves, tours, mâchicoulis, canonnières…) revêtent un caractère symbolique et ostentatoire, celui de la noblesse du seigneur qui les a édifiés.
C’est souvent à ce titre qu’ils perdurent à la fin du XVe siècle et dans le courant du XVIe siècle, à une époque où bon nombre de manoirs ont déjà perdu tout aspect défensif.

3 Moineau : petit ouvrage bas, voûté, destiné à flanquer le fond des fossés.

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Détail du « moineau3 » flanquant le fossé de la haute-cour du château de Pouancé.

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Détail d’une embrasure de tir percée sur la tour polygonale du château de Saint-Michel-et-Chanveaux.

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